Des bons et des méchants chômeurs. Ceux qui réellement
cherchent et ceux qui réellement ne veulent pas trouver.
Des accidentés de la vie et des profiteurs, des fraudeurs.
Ceux dont ce n’est pas la faute et ceux qui l’ont bien
cherché. Des masses enlisées qu’il faut activer, réactiver.
Des chômeurs contre des travailleurs, des travailleurs
futurs chômeurs, des chômeurs futur travailleurs, d’anciens
futurs chômeurs devenus travailleurs travaillant à faire
travailler des chômeurs futurs travailleurs et bientôt futurs
chômeurs, des collectifs de travailleurs démantelés devenus
chômeurs isolés et formant des collectifs de chômeurs.
Dès lors, derrière le prosaïque du «pouvoir d’achat» ou du «panier de la ménagère», se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique).